Le match sur le terrain au triple plan démographique, spatial et socioéconomique est clairement à l’avantage des quartiers informels. Les villes africaines sont informelles à plus de 60% par leur habitat, à plus de 80% par leur économie et la création d’emplois et continue d’attirer l’essentiel de la croissance démographique. Les quartiers informels se forment souvent dans les zones marginalisées de la ville, sur des terrains non officiels ou non viabilisés, non aménagés.
Mais la ville formelle l’emporte tout aussi clairement quand on considère à qui profite les politiques, régulations et investissements publics en milieu urbain. Pourquoi ce qui est moins important attire toujours plus d’attention politique et d’investissements ?
Voici 6 facteurs historiques, sociaux et économiques qui expliquent cette emprise de la « ville formelle » sur la « ville informelle » en Afrique :
- Héritage Colonial : Beaucoup de villes africaines portent encore les marques de l’urbanisation coloniale, où la « ville formelle » était conçue principalement pour la population coloniale et les élites locales. Cette conception a souvent perduré dans les politiques et les investissements post-indépendance.
- Influence des Institutions Internationales : Les institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le Fonds Monétaire International (FMI) ont souvent influencé les politiques de développement urbain en Afrique, en faveur d’une urbanisation plus « formelle » et réglementée.
- Manque de Reconnaissance : La « ville informelle » est souvent négligée ou stigmatisée dans la planification et la réglementation urbaines. Cela est dû à des stéréotypes qui associent l’informalité à la pauvreté, au désordre ou même à l’illégalité.
- Les Parties Prenantes : Les politiques et les investissements publics sont souvent influencés par des parties prenantes puissantes, y compris des entreprises et des élites politiques, qui ont un intérêt à maintenir le statu quo en faveur de la « ville formelle » où leurs intérêts sont concentrés.
- Visibilité et Image Publique : Les projets dans la « ville formelle » sont souvent plus visibles et considérés comme des symboles de modernité et de progrès.
- Manque de Données et de Recherche : Il y a souvent un manque de données fiables sur les quartiers informels, ce qui rend difficile pour les décideurs de formuler des politiques inclusives et éclairées.
Alors, informalités urbaines et modernité urbaine en Afrique : sophisme ou réalité ?
C’est la question au cœur de mon article publié par le quotidiendu service publique ‘La Nation’ : “Urbanisation en Afrique, entre ‘‘ville formelle’’ et ‘‘ville informelle’’: Un véritable défi de développement durable”